Ecoute-moi. Est-ce que la lune est le galet du ciel, ou est-ce ce petit galet qui est la lune du sable ? - Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier

   

 
 Mes heures d'été m'emmenèrent souvent sur les galets et le sable d'Opaline à l'écoute de mes besoins, de mes envies : le paysage mouvant à chaque marée, l'espace laissant à chacun un bout d'intimité, mes chasses aux trésors, mes longues balades les pieds dans les vagues avec souvent les blanches falaises de Douvres comme horizon ...
 Le dépaysement commence parfois au bout de la rue ou presque. J'ai trouvé chaque jour des raisons de marcher et de m'émerveiller. J'ai pris le temps de porter un regard neuf sur ce qui m'entoure, de réenchanter l'Ici !

Vous savez, j'aime les formes rondes, les billes, les galets, les perles de pluie, les sulfures, le ventre rond d'une femme qui attend la vie, les ronds dans l'eau, les couronnes, les balles de foin, les petits points des coccinelles, les parenthèses ...

 Assise sur les rochers d'Audresselles, je pense avoir trouver l'explication. Une perle, une bille, ce n'est pas tant que ça brille qui compte, mais bien que ce soit rond. Rond comme un caillou poli qui n'offre plus d'aspérité, plus d'angle, plus de complication, mais simplement une surface douce qui n'accroche pas, se laisse rouler sans plus jamais être retenu par aucune rugosité, pour n'être plus qu'en totale liberté.

 Et puis, il y a les galets qui ne roulent plus que dans le roulis des vagues. Ces galets, je les appelle mes petites gueules cassées.  Ce sont les malmenés de la Vie, les laisser-pour-compte, les différents, enfin ceux qui ne rentrent pas dans les cases que notre société nous impose. J'aime aussi les atypismes, les personnes qui ne sont pas et ne font pas comme tout le monde.

 


 Il suffit de croiser leur regard et de les ramasser délicatement, de les faire rouler dans le creux de nos mains. Si vous saviez comme ils aiment cela, ils sont tout aussi doux. Je les réunis pour qu'ils se sentent moins seuls. L'union fait la force dit-on. Ensemble, ils forment une famille magnifique. Et avant de les quitter et de laisser la mer recouvrir l'estran, je leur demande toujours de poser en leur disant :

 " Allez, un beau sourire les copains et Vive la Vie !"

Une carte postale souvenir.

Pour vous qui me suivez avec tant de gentillesse et de bienveillance. 

Profitons ensemble de cette fin d'été.   

Au creux de la dune
S'est endormi un galet
Mémoire de sable

Le passé ainsi se love
Sur les chemins de la vie

Merci Marie 


 

Commentaires

  1. Bonjour Véronique, ah galets façonnés par leur milieu, tu as su leur faire bon accueil à ces gueules cassées, dont souvent, personne ne veut.... Merci à toi, bon reste d'été 2024... bises jill ;-)

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  2. Ton texte est d'une beauté inouïe... L'émotion est blottie dans chaque mot, dans chaque image... Une page que j'ai lue et relue ... Merci

    Au creux de la dune
    S'est endormi un galet
    Mémoire de sable

    Le passé ainsi se love
    Sur les chemins de la vie

    Un petit poème pour te remercier : Le galet et l'enfant https://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com/2014/05/poemele-galet-et-lenfant.html

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  3. des photos iodées et des mots poétiques qui m'amènent direct à ton univers, merci
    je t'embrasse

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  4. j'ai oublié de mettre mon pseudo

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  5. J'ai souri sur une de tes "gueules cassées"
    En juin
    je m'en suis ramené deux dont une a aussi une expression humaine
    C'est plus fort que moi , mes yeux dénichent souvent l'insolite touchant
    Tes mots glissent sur ton billet , en les lisant j'écoute le bruit des vagues, l'odeur des embruns est palpable ...
    Merci à toi Véronique
    Bonne soiré




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  6. J'ai marché avec toi les pieds dans les vagues sur cette plage que je ne connais pas mais que tu nous décris si bien que je m'y vois. J'aime ces petits galets malmenés par la marée, autant ceux qui sont parfaits que tes gueules cassées...Tu les as mis en scène avec beaucoup de poésie et tu leur as montré ainsi à quel point tu les aimais tels qu'ils étaient. Si nous pouvions nous les humains faire de même avec nos semblables, la vie serait bien différente. Je t'embrasse fort et te remercie pour tes mots déposés sur mon blog pendant ma pause

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  7. Les paysages de bords de mer ne sont jamais les mêmes, y compris d'un moment à l'autre. L'œil du promeneur est constamment retenu, sollicité, par un coin de ciel changeant, une lumière soudaine, des points de vue que l'on n'avait pas encore remarqués....Il arrive aussi qu'un galet attire notre attention par sa couleur, son relief, son contact au toucher. J'apprécie, tout comme toi, ceux qui sont lisses et rond, à la fois parce qu'on les manie avec plaisir, mais aussi parce qu'on se dit qu'ils ont dû rouler dans les vagues très longtemps avant d'avoir cette forme. Un galet troué peut lui aussi, c'est vrai, avoir connu bien des vicissitudes, et à ce titre, il est intéressant : il a en effet une histoire qui lui est propre, ce qui n'est pas le cas de autres !
    Merci Véronique, pour ton texte, très original, et profondément humain, il défend l'individualisation, les personnes isolées, ceux qui n'ont pas eu de chances, et plus généralement tous ceux qui sont différents, volontairement ou non.
    À bientôt, bonne soirée


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  8. J'aime tes "petites gueules cassées " qui nous racontent leur dur voyage, malmenées de tempêtes, secouées, rejetées, aux expressions humaines.
    La parole des pierres silencieuses qui pourtant nous interpellent, à la fois par leur force et leur fragilité .
    Tu nous offres ce beau voyage d'un été finissant, toujours dans l'espoir d'un monde plus serein, plus tolérant, plus humain.
    Merci Véronique; douce fin de septembre.

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  9. Je m’accroche à tes galets, tel l'arapède bernicle chapeau chinois.
    Et tu me les fais découvrir version " gueules cassées ".
    Nombreuses trouvailles, de vrais visages, libres expressions de la douleur.
    Je ne m'attendais pas à ces paréidolies.
    Tu jongles bien avec la poésie des mots, et y rajoute la poésie des découvertes avec ton regard père spicace. Le tout auréolé de ton travail en club de lecture, stage d'été.
    Pour les formes rondes, me souviens du " sac de billes ". Jeunes, on y jouait à chaque récréation. Et une agate, valait deux billes en plâtre. On faisait aussi de petits paquets, le but, les faire tomber. On gagnait, on perdait, le principal était de jouer. Maintenant, il doit en exister en version jeu électronique.
    De tes galets, j'en découvre les béances. Lieu des cristallisations améthystes, quarziques. Ancien lieu de cristallisation lente. Au cours du refroidissement.
    Je t'ai suivi sur la plage, et chaque objet vu sur l'estran, est poésie. Pour certaines découvertes on doit être médusé ....
    Audresselles, tu me le fais voir, assis au cœur de la mer.
    Bise en toute amitié, et moi chez eklablog, toujours pa migré. > Yann

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  10. Il y avait une petite île où les vagues, chaque soir, chantaient des secrets anciens aux rêveurs qui s'attardaient sur la plage...

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  11. Merci Véronique pour cette carte postale souvenir de tes journées enchantées, à fouler le sable, à marcher dans l'eau, et à dénicher les " gueules cassées ", j'aime tant le nom que tu leurs donnes. Oui comme les autres ils méritent qu'on s'intéresse à eux, qu'on ne les laisse pas sur le côté de la vie ... Je les vois sur ta photo qui sourient, heureux que tu t'intéresses à eux, les laissés pour compte. Jolie leçon de vie ...
    Belle soirée, je t'embrasse ❤️
    Cathy

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  12. Des blondeurs rondes aux grands yeux, qui nous surprennent par leur regard vide parfois ! J'ai toujours aimé les cailloux, les pierres bizarres et percées. A Campan j'avais trouvé une grande pierre à tête d'aigle, je l'y ai laissée...
    J'aime tes ballades au bord de la mer, et ces trésors que tu accumules. Les gros je les met dans le jardin.
    Bisous ma douce amie

    Des pierres lisses
    roulées en bord de mer
    comme des caresses

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  13. Bon ben je suis allé voir la fiche Wikipédia de ce "Audresselles", lieu qui sous ta plume devient magique et où ta poésie s'épanouit au long de ces plages miroir de l'éternité, ou du moins du temps long , long long. Petit galet qui roule là, pour qui pour quoi, on ne le sait pas, les galets sont du genre taiseux, sont -ils parfois comme nous amoureux ou émus ? Laissons aller tandis que les vagues se fracassant sans cesse polissent les grains de sable et fascinent nos âmes.

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  14. Réponses
    1. merci pour tout !!! te souhaite une bonne journée pardon belle journée

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