Au départ, c'était une question de prix d'essence, de pollution, de crise géopolitique. 
Une question de "je refuse de continuer à alimenter les fonctionnements de ce monde de fous qui court à sa perte", l'une des réponses à une crise existentielle lorsque l'on atteint un âge où le plus grand nombre des années est derrière ...

L'élan était là, il s'est gonflé un peu plus au soleil d'un printemps qui s'est invité avec un bouquet de bourgeons. L'occasion, la motivation d'aller un peu plus loin,  il ne manquait que ça.

J'ai réinvesti mon vélo, après avoir vérifié les freins, même si je ne comprenais et ne comprends toujours rien à ces câbles et ces vis. Les réglages sont fastidieux, plus d'une fois, j'ai pesté face aux écrous qui sont tous de tailles et de formes différentes, puis j'ai regonflé les pneus parce que ça, je sais bien faire. 

D'abord il y a cette satisfaction du vent qui fouette les joues, j'ai toujours aimé ressentir le vent sur mon visage, des muscles qui s'échauffent, du corps qui se meut, qui s'émeut d'être une mécanique qui actionne une autre mécanique. Dans cette vie à mille à l'heure, on reste si sédentaire quand on s’assoit dans un fauteuil, dans une voiture, devant un bureau. Retrouver le mouvement, résister au froid du petit matin, pédaler, même si c'est un peu dur mais le faire quand même.

Je crois que prendre mon vélo est utilitaire, ça me déplace désormais d'un point A à un point B.
Je crois que c'est écologique et économique, ça coûte et pollue moins, c'est certain.
Et puis, c'est une façon pratique de faire du sport sans ajouter de créneau dans l'agenda.
 
Les matins se succèdent. 
 
Alors j'ai compris que le vélo est bien plus que politique et physique. 
Le vélo est poétique.  
 
Quelle belle idée de m'être fait ce cadeau !

Je me suis mise à collectionner les ciels , les ballets de nuages. 
Je ris de voir les cheminées des maisons cracher de la barbe à papa.
J'ai découvert les arbres que j'ignorais sur ces trajets pourtant connus par cœur. 
Et je salue les fleurs des talus, les hautes herbes que je caresse toujours d'une main , l'autre bien agrippée à mon guidon.

Bien sûr, je sais que la pluie revient de temps en temps, que le vent me freinera un jour d'humeur maussade. 
En prévention, je prends des photos mentales de toutes ces beautés banales et me promets de m'en passer le film quand mes jambes voudront aller à reculons, quand le temps sera capricieux ou défavorable.

On ne fond pas sous la pluie. 
 
Le visage caressé par le vent, j'ai accueilli ma féminité connectée à la nature comme une évidence.
 
Aujourd'hui, je sais que même si ma propre enfant a grandi et s'est envolée , il reste une enfant à mes côté pour la vie, cette enfant que j'ai été.
Elle est en moi cette petite Véronique. 
Je me bats encore avec elle pour mettre du mouvement dans les situations trop immobiles, je me bats encore avec elle quand il s'agit de ne pas trop endurer, de me protéger , à dompter la mélancolie qui n’est, je le sais, qu'un état de passage et pas une définition

Et à l'aube de ce nouveau jour,  je veux croire encore aux Bonheurs à vivre ! 
 
 
A la petite fille que j'étais et que je suis encore. 
 
 

 (16 juin 1967)

Commentaires

  1. Bonjour Véronique
    Ce livre d'Anne Sylvestre est une véritable boîte à bonbons linguistique, et je le consomme ainsi.
    Un ou deux mots par soir (je suis gourmand) et je choisis ces mots au hasard, comme je le ferais dans une boîte aux multiples et différents chocolats.
    J'ouvre et je pioche, ensuite c'est la grande découverte de son goût.
    Hasard, coïncidence, ou simple chronicité,  toujours est-il qu'hier, c'était escalier et anniversaire! :-) et je viens de comprendre le lien avec ton billet de ce 16 juin.
    Un billet qui mérite de revenir pour le lire et lui répondre en profondeur.
    Une belle journée d'émotions s'ouvre à toi ce matin, une journée à vivre pleinement.
    Je te souhaite un joyeux Anniversaire!!!

    L'age grandit et s'épanouit à  chaque anniversaire, conservant en lui les années et les rencontres les plus belles.
    Une année de plus, n'est qu'une jeune pousse qui ne demande qu'à fleurir, pour que le jour de ton anniversaire l'ensemble de ces fleurs forme le plus beau des bouquets.

    Bises votives à souffler d'un sourire
    Amicalement
    Dan

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  2. Bonjour Véronique, née dans les années 50 on recevait au fil de l'apprentissage un vélo, à trois roues, petit à deux roues et le grand à sa grande communion, ce vélo notre meilleur ami, nous allions partout avec lui, école et chemins de vadrouille en été... même si la ville est assez dangereuse pour lui, il faut qu'il se fasse une place de choix dans la circulation ;-) bravo !! Belle journée, bises jill

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  3. Bon anniversaire et bonne balade poétique en vélo!... Après un accident de vélo, il y a une dizaine d'année, je ne pouvais plus voir et surtout monter sur ce genre d'engin... Après bien des réflexions j'ai obté pour un tricycle... et j'ai recommencé mes balades: avantage, on peut s'arrêter sans mettre le pied à tere et prendre des photos... Je ne vais pas en ville, peur des voitures...

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  4. Voici mon vélo à "3 roues" https://photos.app.goo.gl/6MoRwHtThHC3gP8YA Bonne journée

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  5. Oui tu as raison de préserver cette adorable petite fille que tu as au fond de toi. Bon anniversaire à elle donc ! Le vélo c'est poétique, j'en suis persuadée...mais si je peux sans mal descendre au village à 4 km avec de bons freins, et bien, étant donné la côte au retour, j'ai abandonné...depuis 10 ans à présent et mes fils maintenant me proposent d'équiper mon vélo avec une assistance électrique (du coup il n'aura plus rien d'écologique)...alors oui tu as raison le vélo est super en plaine, dans les villes et villages, mais franchement chez moi je préfère descendre à pied, la remontée est bien plus aisée, et je profite davantage du paysage de part et d'autre de mon petit chemin. Profite bien du beau temps qui forcément va bien finir par arriver. Je t'embrasse fort

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  6. bon anniversaire, je ne connais pas la date exacte, je suppose le 16?
    Billet poétique et je pense quand je ferai du vélo, je verrai ces moments là différemment, merci
    bonne soirée

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  7. Le père Noël avait apporté un vélo à ma soeur ainée; quatre ans plus tard et un coup de peinture bleue ( non, ce n'est pas çà qui a inspiré Régine Deforges) il devenait mien avant de vieiilir de deux ans de plus, rafraîchi en vert prairie et être enfourché par mon jeune frère. Depuis, j'ai abandonné ce moyen de locomotion au profit de la marche à pied qui me procure autant de sensation que celles décrites si poétiquement dans ton billet.

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  8. Toi, si fervente de poésie des idées et des mots, tu as rendu romantique la description de la mécanique vélocipédique. Des cables partout, mécanique à huiler, des vis pour resserrer certains mécanismes, dont les freins afin que ça ne pile pas net, de la roue avant, projection dans le futur .... Et à chaque tour de pédale, roulements à billes au top, l'esprit est prompt à revenir en arrière. On se voit en certains lieux, restés en souvenirs, hiver comme été, à se remémorer. Et même cette barbe à Papa, si gourmande au sortir de la cheminée, une belle idée que tu as eu là. Comme d'autres qui m'ont fait voyager.
    Et là, je pars vers nos années Vendée. Vélos prêtés par le gîteur. Et en fin de journée, apportant le sac, à la grande mangeoire des restes alimentaires. Et on pousse plus loin, vers les bocages, le soir, des lapins sauvages, s'en éloignent un peu. Gagnent sur le pré, les cultures. Au moindre bruit, branles bas de combats, on retourne au terrier. Sur le chemin de retour, alternent vapeurs chaudes et air plus frais dans la descente passant à côté du moulin sans ailes, gîte à touristes.
    Puis, on range les vélos, et toujours des réglages à faire aux dérailleurs. Et huile pour éviter les bruits parasites.
    Toi, le 16, moi le 16 aussi, mais pas du même mois. Moi au milieu de l'hiver, et toi à quelques jours du 20 juin, 22 heures, date de l'été.
    Sur ton tricycle, tu es TOP. Souviens toi, nous avions fait un billet collectif, jouets de notre enfance, voitures aussi.
    À plus. Amic@lement. > Yann

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  9. Désormais les vélos sont bien plus complexes qu'à notre époque et j'ai admiré ta "débrouille" poétique Véro ... j'ai zappé ton anniversaire je ne savais pas, mes pensées du coeur pour ce retard ...
    Quelle belle balade revigorante tu nous offres avec ces souvenirs de ton enfance .. je me suis régalée à tes mots ...
    Je te souhaite une douce soirée, la météo semble vouloir partir vers le beau ... on en a bien besoin !!
    Bisous du soir ! Nicole

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  10. du vélo on en a fait ....des kms et en famille...mais je me vois mal aller en ville avec tous les .....sur la rouge...par contre une voiture nouveau genre sans moi...donc vais faire du stop !!! je plaisante ....gros bisous et bonne journée

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  11. Dring...dring fait la sonnette à chaque carrefour, devenant en nous un son de toujours.
    Le vélo a toujours su conserver son petit air d'autrefois, un air de liberté, de vacances qui se déplacent sur ces petits chemins de traverse comme une nouvelle aventure.
    Après lui avoir fait sa révision de printemps (sage précaution) Vite, vite s'écarter des routes, de ses dangers, de sa pollution.

    Là, plus de stress et plus rien ne presse, le temps pour nous d'apprécier tout ce qui nous entoure  avec le même regard de curiosité et d'émerveillement de notre enfance, petit plus espiègle d'aujourd'hui, on arrive même à regarder par-dessus les murs pour découvrir d'autres jardins.

    Tous nos sens sont en éveillent, un effort adapté au terrain, juste garder l'équilibre comme sur un fil et sans les petites roues (-:), mais cela nous l'avons appris depuis bien longtemps, même s'il faut parfois lever les pieds pour franchir les grandes flaques dans un geyzer latéral (-:), rien ne remplacera notre premier vélo .

    Voilà un billet de poésie qui nous ramène en roue libre vers les premiers tours de roues de notre enfance.
    On voyage en vélo et il me revient en mémoire le générique du film "Le vieux fusils", ou le roman "Disparaitre" de Lionel Duroy.

    Merci pour tes mots déposés au fil de l'eau.
    Forte et fragile à la fois, l'eau file le plus souvent, détestant les instants qui s'allongent sauf pour s'immobiliser un peu, comme un songe, une rêverie que l'on espère, un miroir ou se reflète le ciel.
    la vie n'est une danse qui cherche son petit pont.
    Je te souhaite un bel été Véronique, un été qui vient juste d'ouvrir ses volets.
    Dan

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  12. Oups! Deux coquilles -:), "la vie n'est qu'une....." et les volets de l'été ne s'ouvrent qu'à 22h51, (:-) mais il arrive.
    Dan

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  13. C'est qu'elle avait déjà l'air coquine cette petite Véronique et rigolote ... Avec, vite ses convictions, un petit côté sérieux et appliqué "faire comme les grands "...
    J'ai fait beaucoup de vélo dans ma jeunesse mais à présent dans les Pré-Pyrénées ça grimpe d'entrée de jeu, il me faudrait un moteur !
    Cette Véro elle est bien plus que ça, poétique, enthousiaste, rêveuse, très tendre et à l'écoute !
    Merci ma douce d'être tout cela et beaucoup plus encore !

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  14. Un récit qui donne envie de prendre le vélo chaque jour pour avancer dans le bons sens ..voila un billet qui me plait très loin des donneurs le leçon de la bienpensante obligatoire ...Merci à vous Véronique.

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  15. je pense que l'on n'oublie pas son premier vélo, le mien était rouge
    très beau billet
    bonne soirée Véro

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  16. Bonjour Véronique

    Passer devant ce reflet pour ouvrir les volets et tendre la main au soleil du jour était le plus beau geste à faire ce matin.

    Fini les pluies violettes en ce lundi et j'espère que ce ciel restera ainsi pour la semaine et pour tous,  de quoi prendre son vélo pour filer à travers la  nature et ses chemins de découvertes ou simplement pour aller chez Eugène.

    Que ta journée soit lavande de couleurs et de senteurs.
    A bientôt Véronique
    Dan

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  17. Tu sais maintenant d'où vient mon amour pour les vieux meubles.
    Vieux, ne veut pas dire moches .... !
    Il y en a de sinistres. D'un sombre sinistre. Bon, on peut toujours les décaper, et leur trouver une nouvelle patine.
    Tu vantes aussi ces meubles qui ont fait une verticales temps dans la même famille. Chez nous, juste deux chaises de la grand mère de Mme.
    Les nôtres, actuellement, c'est des achats personnels. Rien ne dit que nos enfants les garderont. On essaie de les faire parler, ces meubles qui ont une histoire. On la tient en partie des marchands. Beaucoup d'anecdotes se sont perdues. On est comme tu le dis, une famille adoptante.
    Sympa +++ ton idée de femmes aux longs cheveux. Je n'y avais jamais pensé. On m'a aussi parlé de traces de bougies. Le bois flambé. Peut être une histoire de la vente à la chandelle?
    Cet été dans le Queyras, j'aimerais trouver une chaise fauteuil du cru. En pin cembro, peut être, que l'on caresse et qui nous offre encore son odeur citronnée.
    Si je trouve une armoire aux huit serrures, je crois que je craquerais. Peu de chances, c'est un modèle unique. J'ai croisé une récente imitation, mais le lien ave l'ébéniste, n'est plus actif. Perte d'information. À plus. > Yann

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  18. Bonjour Véronique
    C'est un matin plein de soleil qui avance en espérant que les orages s'éloignent et laisse ainsi les jours à venir.
    Sur un de mes commentaires, je te parlais de chronicité en voulant écrire synchronicité, ces coïncidences, ces hasards qui ont un sens.
    Dans ton dernier tu me parles de tes lavandes du Nord et moi je serai au milieu d'elles mais du côté Sud, coïncidence ou simple synchronicité (-:).
    Mes Apn sont prêts et j'espère bien trouver sur les plateaux de Valensole, au levant ou mieux au couchant, la perle rare ou la fleur qui se fera belle pour lui proposer mon regard.
    L'idée de tes volets me donne aussi un sujet à creuser pour tendre là 👋 à l'aube, de ce côté il y a les techniques des régions, mais surtout trouver ces volets où le temps est passé pour les patiner d'un instant poétique et mystérieux.
    Volets persiennes ou Jalousie qui filtrent les lumières et rendent les pièces aussi douces qu'une alcôve.
    Je te souhaite un très beau mois de juillet Véronique.

    C'est toujours un plaisir de découvrir tes billets et ton regard, tes mots, tes pensées.
    Dan
    Oups... (-:) sept épis de blé sont passés en coup de vent, juste le temps de laisser leurs reflets dans le miroir de l'aube.

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