1 septembre 1893

Il y a ce portrait de ma famille paternelle que je connais depuis mon enfance, mon arrière-grand-mère est assise entre sa mère, Marie Blanche et sa petite soeur Jeanne. Une photo couleur sépia d'une famille sans âge, figée un premier septembre 1893. Mon aïeule m'a longtemps paru lointaine, d'un autre siècle, d'un autre temps. 

Pourtant, en la regardant aujourd'hui, je me sens proche d'elle plus que je ne l'ai jamais été. Je me demande comment mes arrière-petits-enfants, mes arrière-petits-neveux se représenteront celle que je suis, ce qu'ils raconteront de mon histoire et quel héritage minuscule et glorieux je leur laisserai.

Les récits familiaux façonnent notre ascendance. Ils se transmettent aux grandes tablées lors de repas du dimanche, des soirs de fête ou des enterrements. Ils forment une litanie de prénoms, précédés de qualificatifs affectueux ou non, qui dessinaient dans mon enfance l'arbre généalogique de ma famille. Tous ces personnages dont je suis faite se mélangent en une galerie de portraits, je pourrai presque dire d'archétypes, qui constituent mes fondations et mon imaginaire.

Ils sont des points d'appui lorsque je cherche à comprendre celle que je suis. 

Je regarde mes ancêtres avec tendresse, comme si je pouvais accueillir toutes leurs histoires et y poser un baume réparateur. Je vous vois, je vous comprends. Nous sommes faits du même bois. Tous ces récits se sont transmis, ils sont notre héritage sanguin aussi et sont profondément inscrits dans nos cellules. 

 Est-ce un hasard si mon arrière-arrière-grand- père Benoît est né un seize juin tout comme moi ... 

Cela peut paraître étrange à certains, mais , parfois, le sentiment d'être déjà passée en un lieu de moi inconnu m'assaille , d'avoir déjà vécu une situation me caresse, ces histoires passées ont laissé une trace comme peut le faire un vieux souvenir.

Et certaines plus que d'autres, comme celle de mon arrière-grand-mère.

Aujourd'hui quand je regarde sa photo, j'ai l'impression de me voir à cent trente ans d'écart. Celle d'hier disait à celle d'aujourd'hui de se faire confiance, et de continuer à cultiver sa tendresse et ses faiblesses oubliées. 

Elle s'appelait Marie Pruvot , elle était la fille de Benoît et de Marie , couturière et épicière.

Elle est née le 24 juillet 1879 et est morte le 13 février 1907.

Parfois, je me rends sur sa tombe dans le cimetière de Rebreuve-Ranchicourt, village artésien, qui a vu naitre et grandir mon grand-père.

Mes grands-parents paternels et leurs enfants. Mon père est le petit garçon blond.

 Nous sommes tous nés à l'ombre d'un arbre et savoir d'où nous venons permet de réaliser un des plus vieux rêves de l'homme, celui de remonter le temps au pays de nos ancêtres.

Acceptons nos aïeux comme ils étaient et où ils étaient; qu'ils aient été vauriens ou braves, paysans ou princes .
Les frontières arbitraires n'ont pas étouffé la conscience de l'homme qui se souvient d'être né quelque part.

Merci ma chère Nicole d'avoir eu ce désir de remonter aux origines de notre famille, à cet amour de notre histoire que je partage . J'aurais tant aimé faire parti de l'aventure , de ce fabuleux voyage.

Remonter aux origines, c'est s'apercevoir que les quatre coins de la Terre sont le patrimoine commun à tous les hommes. 

 

 

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Merci Marie