La brume est, dit-on l'oeuvre des sorcières et des génies malfaisants de l'hiver, dont ils se servent comme d'un miragineux manteau pour cacher leur approche. L'on racontait aux veillées qu'ils utilisaient l'haleine des dragons enfouis dans les marais, mêlées aux épaisses et venimeuses vapeurs que vomit, du fond des eaux , un monstre marin jaloux de la lumière et du soleil. 

Bien qu'elle soit hantée d'une multitude de fantômes, de monstres dangereux qui cherchent à égarer, étouffer, noyer, dévorer et contre lesquels on risque de se cogner, j'aime les petits matins de brume et de brouillard et à bien peser, ces formes vagues, ces ombres vaporeuses complices de fantasques rencontres, n'engagent -elles pas, tout compte fait à rêver ... à ouvrir enfin la porte du placard ? 

Il est vrai que novembre, ainsi vêtu, semble sombre, inquiétant, ténébreux mais il n'est jamais glauque car le noir n'est pas un défaut.

 Il m'invite souvent en ami à le rejoindre sur le chemin qui mène aux écoles. Derrière un muret, un pré et un arbre mort, tel un cheval indomptable, il élance sa silhouette à l'assaut des saisons. 

 

La brume m'offre, alors, un spectacle dépouillé à l'allure noble. Durant la nuit, elle dépose sur chaque brin d'herbe  une goutte de rosée, elle s'accroche aux toiles d'araignées , coiffant d'un diadème chaque branche devenue sèche.

Elle sacre de beauté ce mois mal-aimé et ne dit-on pas que si brouillard il y a en novembre , l'hiver sera tendre ...