J'aimerais tant voir Syracuse ...

Voyage en Sicile, à Taormina, Palermo ou Syracusa. Séjour à Lipari, Agrigento ou Selinunte. Autant de noms qui roulent sur la langue depuis la nuit des temps. 

Comme celui d’Aréthuse, la jolie nymphe qui, poursuivie par un amoureux transi - un bon parti pourtant, c’était le dieu de la rivière Alphée - s’enfuit jusqu’en Sicile. 
Artémis l’aida, solution radicale à la manière des dieux grecs : il la changea en fontaine.

Elle est toujours là Aréthuse, on peut la voir à Syracuse si vous vous penchez au dessus d'elle,  un peu d’eau douce sur cette île aride, brute et rêche, jaune comme le soleil qui la cuit. 
Et dans l’Etna s’entassent Encelade dont l’haleine de feu provoque des séismes, Typhon le monstre, et Ephaïstos avec l’équipe de cyclopes, qui, tranquilles, à la forge, recyclent cette énergie .
Energie qui fait de cette île , une terre féconde .

Un vent de mythologie m'a guidée, ensorcelant comme un chant de sirènes 

De mon voyage dans cette terre millénaire où tant de peuples et de civilisations se sont succédés , j'ai retenue deux impressions .

La première est ,bien entendu , un sentiment d'émerveillement face à la beauté de l'île . Située au cœur de la méditerranée , la Sicile offre la douceur de ses paysages , la poésie des temps anciens , un patrimoine archéologique et culturel unique par sa richesse .

En plein été , le vert des orangers , des oliviers , des figuiers de barbarie , des aloe vera , des capriers se mélangent à l'ocre de la terre , au bleu azur du ciel et de la mer , ne sachant plus parfois où se trouve l'horizon tant l'eau et la terre se fondent en une communion parfaite .

De cette Terre volcanique , une odeur de souffre nous parvient parfois , une odeur des entrailles de la terre qui s'élève au dessus de l'Etna , cette masse sombre , imposante , vivante que j'ai survolée . 

Maupassant , de passage sur l'île en 1885 , écrivait déjà :" Ce n'est rien qu'un paysage , mais un paysage où l'on trouve tout ce qui semble fait sur la terre pour séduire les yeux , l'esprit et l'imagination . "

Aujourd'hui encore , l'île est encore largement préservée des ravages de la modernité et les sélections vantées par l'écrivain n'ont rien perdu de leurs attraits .

Parmi les instants les plus mémorables , "mes instants privilégiés " comme j'aime à les nommer , je garderai ceux où un souffle d'antiquité m'a poussée , contemplative entre les colonnes majestueuses des temples grecs dominant plus de 2600 ans d'histoire , les nécropoles disparues ,les carrières de pierre abandonnées , les rues des villes mortes où, désormais , seuls les esprits des déesses et des dieux vagabondent entre les oliviers centenaires , de vieux sages veillant sur l'âme des lieux . 

La seconde impression est celle d'une admiration sincère pour l'hospitalité et la gentillesse de ses habitants .

Dans nos contrées, les Siciliens souffrent d'une réputation assez déplorable , très souvent associée à celle de la mafia , " la piovra" , qui les a rendus si tristement célèbres . Il est vrai que l'organisation criminelle est encore bien présente mais il serait injuste de réduire les Siciliens à cette image dont ils sont les premiers à souffrir . 

J'ai rencontré des gens passionnés par leur île et avides d'en partager l'histoire avec amour et respect , leur histoire où l'on croise des phéniciens, des carthaginois ,  des troyens , des grecs , des romains  ,des sarrazins , des byzantins , des normands , des espagnols .

A la croisée de l'histoire , de ce berceau fécond , j'ai découvert un peuple , fier et riche d'une foi populaire , profondément chrétien .

J'ai rencontré de très belles personnes qui laissent dans le cœur des éclats de bonheur . 

Parfois, il n'y a pas besoin de mots , un regard suffit pour se comprendre, s'entendre … 

Au gré des battements de mon cœur .

Sur les chemins de Agrigente , la carrière de pierre de Cusa,  Selinunte, Ségeste , Erice , Sciacca .