A l'aube du nouvel été .

C'est un trésor , un trésor de lumière qui n'apparaît qu'au solstice d'été , à l'aube.

Il s'agit d'une merveille, subtile et éphémère comme la lumière du jour

.

Elle est l'oeuvre de la foi d'un bâtisseur qu'on appelait géomètre au XVIème siècle et dont son nom nous échappe encore aujourd'hui .

Une lumière transperce alors l'église Saint- Martin de Beuvry laissant découvrir de multiples trésors .

Il était une fois car toutes les belles histoires commencent ainsi.

Il était une fois un géomètre , digne héritier des bâtisseurs des cathédrales car, qui a vu l'église Saint Martin de Beuvry , a les clés pour découvrir leurs secrets .

Le génie du géomètre du seizième siècle est à son apogée .

Tout l'héritage , toutes les clés de lecture de l'art sacré gothique sont là , déposées avec humilité .

L'homme religieux depuis la nuit des temps organise l'architecture des lieux de culte en la calant sur l'architecture céleste .

C'est l'occasion de créer un phénomène solaire artificiel .

Pour comprendre le mystère de la Merveille de l'église Saint-Martin de Beuvry , les clés de lecture sont à portée de main .

Il suffit d'ouvrir le Livre pour entendre et admirer l'interprétation qu'en fait l'homme religieux du seizième siècle dans son discours de lumière. 

Cinq cents ans ont passé, le géomètre bâtisseur nous parle toujours de sa foi .

Tout  commence en octobre 2005  lorsque Philippe Boukni , habitant de Beuvry, médecin et passionné d'histoire , découvre une marque lapidaire sur la façade de l'église , un épigraphe , la signature du bâtisseur , un limaçon dont la coquille forme un G , G comme géomètre .

Mais encore fallait-il la voir et plus encore remarquer à l'intérieur la sculpture énigmatique du cul de lampe dans la tour du clocher , un visage faisant un clin d'oeil surmontée elle-aussi par un limaçon , un clin d'oeil vieux de cinq cents ans envoyé probablement par le maître de corporation une fois son oeuvre achevée , comme un message d'amitié à travers les siècles .

Dès lors , il multiplie les recherches jusqu'à découvrir cette lumière qui illumine de façon si particulière l'église .

Après de longues années de recherches , de textes en pierres , Philippe Boukni , découvre le trésor , ce trésor de lumière qui se tient depuis 1532 dans l'église .

La lumière , comme celle qui entre dans ce lieu par les beaux vitraux de Jean et Pierre Gaudin et qui pousse l'historien à y trouver un sens .

Autant d'indices révélés par les pierres et par les textes sacrés dont les recoupements doivent forcément révéler quelque chose .

 

Pierre Paquet , architecte

  en chef des Monuments historiques , qui a reconstruit le lieu de culte après la Grande Guerre a en fait caché un orifice dans le bâtiment qui permet d'illuminer la nef d'une manière étonnante et symbolique .

Ce trésor n'était pas fait pour être vu à l'époque, mais le géomètre du XVI ème siècle a  cependant laissé de nombreux signes pour ceux qui sauraient relire le monument .

Pierre Paquet fut l'un d'entre eux . Il a sans doute retrouvé la signature du géomètre , , " la marque du limaçon" , ainsi que la sculpture du cul de lampe . Ses connaissances  des règles de construction des édifices gothiques  lui ont probablement  permis de percer à jour les secrets originels contenus dans l'église mais n'aurait soufflé mot conservant ainsi intacte cette magnificence .

Le soleil fait miroiter les vitraux de sorte qu'un des piliers revêt des couleurs chaudes , l'autre des couleurs froides .

La lumière éclaire alors à ce moment unique de l'année de manière très précise un dessin , une croix, la croix de consécration .

Dehors , un pilier s'aligne pile , sans faire une ombre . Autant de prouesses architecturales qui ont avant tout une portée symbolique très forte pour les catholiques .

Pour comprendre le symbole de la foi chrétienne , il fallait se référer  aux textes sacrés  chrétiens  .

L'architecture, la géométrie , les nombres , l'acoustique , la lumière , les vitraux et les couleurs , la statuaire illustrent et servent  les textes bibliques .

Ainsi se déroule depuis cinq siècles un phénomène de lumière, merveilleux et silencieux .

Peu de personnes le virent , pourtant rien n'était caché , tout était écrit dans le Livre .

Un phénomène qui sans être unique, reste extrêmement rare dans les églises de France et de Navarre .

Ce phénomène est le plus long observé à ce jour .

Pendant deux heures , le temps se suspend au fil d'un rayon de soleil annonciateur de l'été.

L'an dernier, à Beuvry  ( Pas-de-Calais) dans l'église Saint-Matin à l'aube du 21 juin.

Avec des extraits du livre de Philippe Boukni